C’est l’histoire d’un roi qui s’ennuyait ferme sur son trône depuis 22 ans du côté d’un royaume un peu endormi. Vu de loin, Los Angeles n’est pas la première ni même la cinquantième ville à laquelle on pense quand on parle de foot. Du côté de la Californie l’hégémonie du Galaxy, né en 1996 avec la MLS, a rarement souffert d’une quelconque contestation. Franchise la plus titrée de l’histoire de la ligue, la galaxie colorée ressemble à son empire du cinéma. On s’assoit au soleil avec son popcorn et on regarde ce qui se fait de mieux sur cette partie du continent tranquillement soulever les coupes. Mais la MLS manquait de goût et Peter Guber lui a passé le sel.
Ce producteur de cinéma qui co-détient les Golden State Warriors et les Los Angeles Dodgers veut repeindre la Cité des Anges en noir et or et vend le projet d’une nouvelle franchise à un groupe d’investisseurs dans lequel on retrouve Vincent Tan (le propriétaire de Cardiff à la tête de savant fou), Will Ferrell ou Mia Hamm ancienne gloire du soccer féminin. On vous épargne les détails des tractations car on a la flemme et aussi parce qu’on s’en cogne. Dans une Major Soccer League qui veut passer du statut de maison de retraite à celle d’un lycée plein de jeunes talents du football avec le teddy et la raie sur le côté, une nouvelle équipe ambitieuse est la bienvenue car une chose est claire : le LAFC n’est pas là pour faire le figurant.
La franchise s’est vite faite remarquer avant même d’avoir un entraineur et onze joueurs. Dans les bureaux, on pense start-up nation et on comprend vite que pour que le club et sa marque prospère, les ultras sont la clé. De plus avec sa population originaire d’Amérique Centrale venant de pays où le football est roi, il n’y a qu’à se baisser pour gagner le coeur de la ville face à ce Galaxy FC Hollywood bis, le Meiterschale en moins. Avant même son entrée officielle dans l’arène, le LAFC était déjà le club de MLS le plus suivi sur les réseaux sociaux.
Tout est donc en place pour faire de ce derby de L.A. « LA » plus grosse rivalité du championnat. Même si plus au nord les Ultras des Sounders et des Timbers s’en donnent à coeur joie, les sunlights californiens brillent bien plus fort et ça s’est bon pour la MLS. Leurs homologues du LAFC ont parfaitement fait leur job en faisant de leur équipe celle que l’ont veut supporter. Lors du premier acte de ce derby, un lion suédois a littéralement déchiqueté les Angelinos et le Galaxy a pris le premier acte dans son antre de la StubHub Center. On est donc allé voir si cette rivalité était aussi factice qu’une paire de seins à Hollywood, si les ultras du LAFC ne sont juste que des agents véreux avec le dixième du bagout d’Ari Gold et surtout s’ils savent vraiment jouer au foot ces connards d’Américains !
En ce jeudi 26 Juillet, le Banc of California stadium est plein à craquer pour le premier derby de LA chez les noir et or de l’histoire de la MLS. L’enceinte a été admirablement conçue (on parle du stade, pas de la femme) avec une coursive extérieure qui permet d’en faire le tour et de rentrer à n’importe quel endroit pour aller s’asseoir à ses places. Seul petit désagrément, il est formellement interdit de rentrer avec quelconque sac que ce soit, aussi bien un sac à dos qu’un vulgaire tote bag. Plus surprenant encore, drogues et armes à feu ne sont pas non plus admises dans le stade. Niveau ambiance, franchement la MLS c’est pas la Premier League ! Un kop blindé, drapeaux, tifos, écharpes, chants et fumigènes, ça change du silence de mort qui règne à l’Emirates pour un match d’Arsenal. LA FC c’est l’ambiance Sud-Américaine du Winchester FC d’Ousmane Dembélé, au soleil et sous les palmiers. Le club travaille intelligemment avec les Ultras et ça se voit. Un exemple à suivre en Europe où les Ligues ont décidé de prendre le taureau par les cornes… à l’envers. Il est aussi frappant de voir à quel point les fans s’affichent aux couleurs de leur équipe. Pas un supporter qui traîne dans le stade sans porter au moins un maillot, tee-shirt, écharpe ou casquette de son équipe de coeur. Des recettes assurées pour le club au vu des ventes de merchandising et boissons sucrées ou alcolisées dans les boutiques du stade.
Et il faut bien reconnaître que malgré une organisation défensive bien hasardeuse, le niveau de jeu est loin d’être dégueu. Carlos Vela, l’idôle mexicaine, fait se lever tout le stade et des frissons dans la défense du Galaxy à chacune de ses touches de balle, bien supporté par le meneur de jeu Lee Nguyen et le feu-follet Latif Blessing. Derrière c’est le Général Laurent Ciman qui est chargé de bétonner. En face le Galaxy passe le match à subir, mais parvient à s’en sortir assez miraculeusement avec un match nul en marquant deux buts casquette dans les dix dernières minutes, grâce notamment à Romain Alessandrini qui parvient à tirer son épingle du jeu. Ce fut en revanche plus laborieux pour les vétérans que sont Michael Ciani, Ashley Cole et un certain Zlatan Ibrahimovic, qui comme à son habitude n’en a pas grand chose à cirer de ce que pensent les autres de sa performance : “Le stade est trop petit pour moi. J’ai l’habitude des enceintes de 80,000 places. Là 20,000 personnes qui sifflent c’est un entraînement.”
Le derby de Los Angeles franchement ça vaut facile un bon vieux Lens – Lille. Les chômeurs en moins mais le soleil en plus.