Même Côte, un goût différent. Après Los Angeles et son derby qui sent encore la peinture fraîche, on monte au nord humer les forêts primaires de l’Oregon direction Portland. Back to back dans les bacs. C’est en revenant de la salle de tir, où on a canardé des cibles au 9 millimètres, qu’on se rend compte que les Timbers reçoivent le Dynamo d’Houston dans la soirée à Providence Park. This is America baby !
Ici le football a une histoire bien plus ancrée qu’au sud. Dans la région les Portland Timbers existent depuis 1975. Si on y regarde bien c’est à peine cinq ans de moins que le PSG. Bon le club a cessé d’exister entre 1990 et 2001 et s’appelait même le F.C. Portland dans les années 80 mais rien n’a arrêté la ferveur des fans locaux. Quand ils remplissent encore et toujours l’antre de Providence Park après plusieurs arrêts du club (entre 1982 et 1985 aussi), fusions et changements de noms il est dur de douter de leur dévouement aux verts et jaune.
Une autre preuve que Portland pue le foot ? L’équipe réserve attirait une moyenne de plus de 5 000 fans entre 2011 et 2014 avec parfois des pics à 13 000. Dans sa saison inaugurale en 2014, l’équipe féminine des Thorns a attiré une moyenne de 13 000 supporters à Providence Park. Les Timbers sont même embarqués chaque année dans la Cascadia Cup avec leurs rivaux locaux de Seattle et de Vancouver. Ca pourrait être une broutille si la compétition n’avait pas été créée par les supporters des trois clubs bien avant même leur arrivée en MLS. Bref tout ça pour dire que de ce côté des US on n’a pas le temps de niaiser et on chie pas sur l’histoire car on tient à son club, à ses trophées et ses rivalités. Il y a quelques semaines on jouait même le 100ème derby face aux Sounders.
Pas de derby aujourd’hui mais une autre équipe « historique » du foot US se présente chez les bûcherons : le Houston Dynamo. On sort les guillemets car en fait le Dynamo est né de la relocation des Earthquakes de San José du côté du Texas. Le nom Dynamo est un hommage aux Dynamos, une franchise qui exista entre 1983 et 1991 dans la sombre USL, troisième échelon national. On s’arrête là pour l’histoire. Le décor est planté, fini le strass et les paillettes, ici c’est la vraie MLS qui sent sous les bras, on est venu pour couper du bois au propre comme au figuré.
Encore une fois, la rencontre est à guichets fermés. Les 22 000 places ont trouvé preneur, comme à chaque match. Providence Park on s’y sent bien. Un peu comme sur son canapé dans son salon, avec le bruit en plus. Le kop aussi garni que le crâne de Marouane Fellaini se fait entendre tout au long des 90 minutes. C’est organisé, ça chante, ça se voit que Portland ça connaît le football. Sur la pelouse en revanche il n’y a pas que des foutres de guerre.
Malgré les magiciens locaux Valeri et Blanco, le niveau de jeu est assez faible. Houston parvient à revenir au score sur une belle couille de la défense locale. Poussés par les fans, les Timbers parviennent néanmoins à arracher la victoire dans le temps additionnel. Un beau cadeau pour les supporters, parce-que ce qu’il faut savoir c’est qu’un peu plus qu’ailleurs, tout le monde veut voir des buts pour une raison bien particulière. Au pied du virage, Timber Joey, le bûcheron et mascotte officiel du club jubile dès que les filets tremblent. Il brandit fièrement sa scie sauteuse sous les vivas des Ultras, et découpe un généreux rondin dans l’énorme tronc qui trône devant la pelouse. Il le fait ensuite passer de mains en mains jusqu’à ce qu’il remonte tout en haut du kop, exhibé tel un trophée par les supporters. Il finira sa vie dans la cheminée des buteurs après chaque match. Complètement zinzin cette tradition !
Certains trouveront ça bizarre, ceux qui aiment les traditions trouveront ça amusant. Au final dans un pays où il est mal vu de ne pas posséder d’arme à feu, où est le problème de se balader dans le kop avec une énorme scie sauteuse ?