N’ayant ni le temps ni l’argent de voyager tous les mois au quatre coins de l’Europe pour se taper des matchs et des putes dans un nouveau pays à chaque fois, nous avons ouvert une tribune libre pour publier les expériences authentiques de copains qui, comme nous, sont passionnés de football et de campagne. Aujourd’hui c’est notre couille Théo qui nous fait découvrir l’ambiance de l’Espanyol Barcelone et le rôle que le club joue dans la vie de la Cité Catalane.
Salut cher Théophile, tu reviens de Barcelone pour le match de l’Espanyol contre le FC Séville. Le voyage valait le coup ?
Bonjour Jérémie, oui il valait le coup ! La découverte d’un nouveau stade et d’une nouvelle équipe m’excite toujours. Je voulais savoir ce que valait cette équipe du RCD Espanyol, pas la plus connue de Barcelone et d’Espagne. C´est un club avec une histoire très pauvre à part une Coupe intertoto, quatre Coupes du Roi et quelques passages en UEFA. C’est pas
l’équipe que tu prends à Fifa ! Sans oublier que Espanyol vs FC Séville c’est la finale UEFA perdue aux tirs aux buts 2007, privant ce club d’un vrai sacre européen.
Pourquoi ce match ? Ça te plaît les équipes qui galèrent ?
En vrai, j´y suis allé par opportunisme pour aller voir le FC Séville leur mettre 3 – 0, mais chut ! L’équipe de l´Espanyol, c’est le club dans l´ombre du Barca. C´est pas le club le plus connu dans le monde, il n’a pas fait le triplé et ne risque pas de suite de gagner la LDC, mais ça reste un club populaire, Catalan et pur Barcelonais. Rien que pour ça, si tu aimes le foot et Barcelone tu te dois d’y aller. Quand tu vis à Barça et que tu vois les drapeaux aux fenêtres, il n’y a pas toujours que des drapeaux indépendantistes ou ceux des blaugranas. Tu as aussi ceux de l´Espanyol. Intrigué, je me devais de comprendre qui étaient les Pericos de Barça. Leur petit nom lié aux perruches vertes iconiques de Barcelone.
Qu’est-ce-qui t’a marqué au niveau de l’ambiance ?
Déjà le stade de 40 000 places ! C’est un club populaire qui n’avait pas les moyens de s’offrir un temple comme le Camp Nou. Le stade de Cornellà-El Prat a été pensé de manière économique, en ce sens les tribunes sont très proches du terrain. Donc tu gagnes en visibilité et en proximité avec le jeu et les joueurs. Ensuite, là t´es avec les passionnés. Tu viens au stade en famille, du vieux aux bébés dans la poussette. Parfois, tu peux même taper la balle avec les minots dans les allées du stade quand le match n’est pas flamboyant (80% du temps). Enfin le soleil, les blagues et les pipas con sal.
T´es pas dans une ambiance anglaise à gueuler sur les mecs qui valent des millions. Là déjà, tu espères que ça joue posé, bien collectif avec la gagne à la fin pour rester en Liga. Et puis tu pousses ta petite pépite en espérant qu’elle parte pas au mercato (ex: Coutinho). Mais quelques noms de joueurs sont devenus célèbres comme Raul Tamudo égalisateur à la dernière seconde dans le derby Barceloní de 2007, privant de titre le Barça. Un évènement encore célébré aujourd’hui sous le nom de « Tamudazo”, Mauricio Pochettino l’entraîneur des Spurs, ou encore Daniel Jarque ancien capitaine décédé en 2009 dont le stade porte symboliquement son nom aujourd’hui. Mais sans te mentir, leur petite finale à eux c’est ce derby avec le FC Barcelone. Si tu gagnes, c’est la fierté locale.
Tu avais déjà vu des matchs en Espagne ? Ça a une saveur particulière ?
Oui des matchs de Balompié tu veux dire ! Les ambiances sont bon enfant et toujours en famille dans ce pays qui respire le foot. Je suis allé plusieurs fois au Camp Nou pour voir les phénomènes disputer des matchs de Liga, Coupe du Roi ou LDC et même foot en salle avec le Barça Lasa ou encore Sant Andreu vs FC Gava en 3ème division catalane. C’est une vraie chance d’avoir dans cette ville de moins de 2M d’habitants autant d’événements autour du ballon.
Il y a l’air d’avoir pas mal de vieux en tribunes. Tu as ressenti ça dans d’autres stades en Espagne ?
En vrai, depuis que t’es petit, tu joues avec tes potes et tu vas au stade pour tchatcher de ta soirée du weekend et reparler ballon. Quand t´es vieux, c´est la même ! Cette envie de retrouver tes potes et de transmettre ta passion à ton petit fils que tes enfants t´ont refilé pour se barrer en week-end sur la côte ! Fallait bien caser le petit Jonathan avec papi.
Comment qualifierais-tu cette expérience par rapport à d’autres matches que tu as pu voir à l’étranger ?
Parlons franchement, l’Espanyol Barcelone c’est un petit kop avec une volonté de porter la voix du peuple pour des questions politiques plus qu’autre chose. La popularité des clubs de foot espagnols et cette véritable agora que sont les stades permettent de faire passer un paquet de messages. Tu peux t’en rendre compte à chaque 17’14 minute du match de Barcelone où tout le monde scande « In – Inde – Independencia ! » en lien avec l’année 1714 qui a signifié la défaite de la Catalogne face aux Bourbons. Barcelone est une ville plutôt de gauche donc il ne faut pas s’étonner de voir quelques drapeaux du Ché en tribune.
Quels sont les prochains déplacements que tu as prévu ?
J´ai une envie toute particulière de bouger dans le sud de l’Espagne pour aller voir des matchs de Valence, qui fait une bonne saison, et le derby Betis vs FC Seville en Mai. Pour Mars ça sera le foot à travers le monde avec un voyage au Sri Lanka. On peut se refaire un debrief si tu veux 🙂
Retrouvez Théophile Dreyfus sur son site, avec plein de belles séries photos sur le foot qu’on essaie de lui voler pour Football Campagne.