La CONIFA Paddy Power World Football Cup est ce genre de compétitions internationales comparable à aucune autre. Du football qu’on ne voit pas à la télé mais qu’on a envie d’aimer. Des équipes dont on n’a jamais entendu parler, mais sur lesquelles on a envie de tout savoir. Des histoires dont on ne se doutait pas qu’elles existaient mais qu’on veut absolument entendre. Des supporters dévoués à leur équipe. En somme, il s’agit de redonner à des communautés à l’identité bridée l’occasion de se rassembler sous la même bannière, pour l’amour du jeu.
Pour tous ceux qui l’ignorent, la CONIFA est la fédération internationale de football pour les équipes qui ne peuvent accéder au statut de membre de la FIFA. Elle offre l’opportunité à des Etats, des Etats partiellement reconnus, des régions, des minorités ou des territoires isolés, de se rencontrer lors d’un tournoi officiel, après des phases de qualifications disputées. L’édition précédente s’est tenue en 2016 en Abkhazia et a vu les hôtes de la compétition soulever le trophée. En ce mois de Juin 2018, l’événement s’est déroulé à Londres, avec en plus des tenants du titre, des équipes telles que Padania (une région d’Italie), Ellan Vannin (Île de Man) et la Chypre du Nord pour les favoris. Le Tibet, Matabeleland, la Kabylie, Cascadia et Tuvalu font partis des équipes faisant leur début à la CONIFA. Barawa, une région du Sud de la Somalie, sont cette année les hôtes officiels du tournoi, disposant d’une diaspora très importante à Londres.
Nous sommes donc allés à Enfield Town, au Nord de Londres, en ce Samedi après-midi ensoleillé. Nous ne voulions manquer sous aucun prétexte la rencontre entre le Tibet et la Chypre du Nord. Une affiche alléchante sur le papier, totale opposition de styles. Nous étions extrêmement curieux de découvrir cette équipe du Tibet, et de voir comment elle allait soutenir l’impact physique de la Chypre du Nord. On se doutait aussi que l’ambiance allait être spéciale, avec une communauté chypriote nombreuse dans le Nord de Londres. Nous ne nous attendions pas à voir autant de drapeaux tibétains dans le au stade Queen Elizabeth II. Une fois l’échauffement terminé, au moment où les joueurs pénètrent sur la pelouse pour les hymnes, on pouvait vraiment ressentir l’ambiance monter, avec les fans des deux équipes chantant des chants traditionnels, jouant du tambour ou autres instruments locaux. À l’image du football de la FIFA, on peut sentir une véritable connexion entre les fans et leur équipe de coeur, à l’image de ces enfants admirant les joueurs et essayant de les toucher comme leurs héros. Mais à l’inverse du football de la FIFA, il y a une vraie et authentique proximité entre ceux qui sont sur le terrain et ceux qui les regardent depuis les tribunes. Il ne s’agit pas d’être une star ballon au pied, l’important est avant-tout de porter haut les couleurs de sa communauté, de rendre fier ceux qui partagent son identité.
Et ça, les joueurs du Tibet l’ont bien compris. Après un but concédé dans les 5 premières minutes, et après avoir montré de vraies difficultés à ressortir la balle de leur camp, les Tibétains parviennent enfin à sortir la tête de l’eau au bout de 25 minutes, pour commencer à faire trembler la défense Chypriote. Le stade laisse éclater sa joie avant la mi-temps lorsque le Tibet égalise. Pas une surprise au vu du danger qui pesait dans la surface depuis plusieurs minutes. Même si la deuxième période est beaucoup plus difficile pour les rouge et bleu, avec deux nouveaux buts encaissés et une défaite 3-1, le sourire sur le visage des supporters et la fierté qui en ressort importe beaucoup plus que le résultat final. Au fond, qu’est-ce-qui compte plus que rendre son peuple fier d’où il vient et de ce qu’il est ? La communion à la fin du match était belle à voir. Authentique et intense.
Bravo à la Chypre du Nord pour leur performance, et respect au Tibet pour toutes les émotions procurées. Nous souhaitons bonne chance à ces deux équipes pour le reste de la compétition, et espérons les retrouver le week-end prochain pour la finale de la CONIFA Paddy Power WFC 2018.