« C’est des environs du Hillsborough que vient Robin de Locksley ». Et quand on regarde la carte, on trouve bien la ville au nom du héros légendaire Anglais, bien connu sous le blaze de Robin des Bois, à quelques encablures du non moins légendaire stade. L’anecdote de Mr Bellion (un lointain parent de David Bellion, comme il se décrit lui-même) rencontré quelques heures plus tôt dans le bus ne faisait qu’amener un peu plus de symbolique à notre visite de l’écrin de Sheffield Wednesday.
De symbolique il en est question lorsqu’à peine sortis du Uber nous tombons sur une plaque commémorative du drame du Hillsborough. Le 15 avril 1989, lors de la demi-finale de Cup entre Liverpool et Nottingham Forest, des centaines de supporters scousers dont les bus ont été pris dans les embouteillages arrivent en retard. Pour faciliter leur entrée, la police en charge de la sécurité leur ouvre des grilles de tribunes déjà remplies. Ignorant cela, des milliers de fans de Liverpool tentent de rentrer dans le stade ignorants que leurs frères d’armes garnissent déjà la tribune. Les supporters déjà présents se retrouvent comprimés contre les grillages qui les séparent de la pelouse. Ce mouvement de foule fera 96 morts et 765 blessés et changera la physionomie des stades anglais à jamais. Voilà pour le cours d’histoire mais reprenons le cours de la nôtre.
Pour plusieurs raisons, Hillsborough est un stade qui ravit ses visiteurs. Comme partout en Angleterre, il fait bon vivre dans les pubs qui enserrent le stade. On y retrouve les supporters qui rattrapent la semaine autour de bonnes binouses et ça, ça nous avait manqué. Ensuite quand on descend vers le Hillsborough, on y découvre une enceinte jouxtée par une petite rivière paisible. Si le stade semble vraiment à l’étroit entre les éléments naturels, on y circule à la fois en-dessous de ses tribunes ou sur des marches qui aident à escalader la colline qui semble avoir dévorer une partie de la Kop stand. Une tribune que l’on découvre d’ailleurs plus profonde que jamais. Elle est le coeur du Hillsborough. C’est de là que s’élève la clameur du public quand Dawson stoppe le penalty faiblard de l’attaquant de Norwich Mario Vrancic. C’est de là aussi que descendra la colère des supporters excédés par la démonstration de Norwich face à leur Owls fétiches (0-4) complètement hagards et défaits depuis désormais quatre matchs d’affilée. Pas sûr que Jos Luhukay, le manager de Wednesday envisageait cela au petit-déjeuner du Jurys Inn de Sheffield quand nous l’avions croisé quelques heures plus tôt.
Si comme dans pléthore de stades anglais l’ambiance a fait place à des sursauts d’orgueil aléatoires, Hillsborough garde une atmosphère qui vous fait sentir qu’ici plus qu’ailleurs le football n’est pas qu’un simple jeu. Bien qu’on ait vu plusieurs personnes quitter le stade avant la fin du match, il ne faut y avoir l’ombre de Footix dans le berceau du football mais plutôt un dévouement bafoué par une équipe tout simplement pas à la hauteur. Bref comme souvent en football on arrive avec le sourire et l’espoir et on repart en mode emoji sourire à l’envers. Pour nous les neutres venus presque comme en pèlerinage, on a quand même passé un bon samedi à Wednesday.
On se retrouve dans quelques jours pour un deuxième reportage sur Sheffield, à la découverte des endroits où le football a été inventé il y a bien longtemps.