Un samedi après-midi, le soleil cognant au pays du soleil levant. Cela fait seulement 6 heures que nous avons atterri à Tokyo en ce 9 Novembre 2019, et nous voici déjà sur le parvis du stade NHK Spring Mitsuzawa, antre des Yokohama F Marinos. Petite arène de 15,454 places situé au sommet d’une colline dont il faut gravir la pente infernale depuis la station de Yokohama. On se doutait du pétrin dans lequel nous nous étions fourrés en ne parvenant pas à acheter de billets sur internet, et nous avons vite eu la confirmation que la rencontre du jour avait attiré les foules lorsque la billetterie du stade nous informait que le match était sold-out depuis bien longtemps déjà. Nous activons alors l’option vendeurs à la sauvette, pratique malheureusement bien moins courante au Japon qu’en Europe. Après plusieurs allers-retours en vain, nous laissons notre fierté de côté et arpentons les alentours du stade en chantant gaiement un air de notre composition. Les paroles sont simples et explicites : “Ticketos sagashimas” (“on cherche des tickets”), et nous permettent après 20 minutes de rigolade d’obtenir trois précieux sésames. Dès l’instant où nous pénétrons l’enceinte nous avons la confirmation que le voyage et nos efforts en ont valu la peine. Bienvenue à la rencontre que la Terre attend entre les Yokohama F Marinos et Hokkaido Consadole Sapporo.
À trois matchs de la fin du championnat, l’enjeu est de taille pour les Marinos, troisièmes, ne sont qu’à un point de la première place occupée par le FC Tokyo. Les espoirs sont grands et très vite confirmés par un début de match complètement débridé, à l’inverse des supporters. Le buteur local, Erik ouvre la marque à la 2è minute et se fait remarquer à la 4è. L’ambiance déjà chaude, devient totalement brûlante. Dans un stade rempli à ras-bord, aux couleurs bleu, blanc, rouge emblématique des Marinos, les supporters donnent de la voix. Le kop chante, saute, tape dans les mains mais pas sur les adversaires. Une atmosphère que l’on ne voit pas si souvent en Europe et qui nous rappelle à quel point nous aimons le football. Chaque supporter sans exception (à part nous) est paré des couleurs du club, ils nous laissent aimablement nous installer confortablement entre eux lorsque nous arrivons dans la tribune, il y a presque autant de femmes que d’hommes dans le kop ultra et les Japonais nous prouvent qu’il est tout à fait possible de mettre une ambiance de feu avec respect pour autrui et pour le jeu. La réduction de la marque d’Hokkaido à la 8è minute ne refroidit pas leur enthousiasme et ils pousseront leur équipe jusqu’à la fin du match pour une victoire méritée 4 buts à 2. Le plus marquant dans tout ça ? Le fait qu’absolument aucun des 13,617 supporters présents ce jour-là ne quittent le stade avant que le dernier des joueurs ne soit rentré aux vestiaires. Question de culture et de respect. Une tradition qu’on verrait mal voir le jour en Premier League où 60% des supporters quittent le stade avant le coup de sifflet final pour pas galérer dans les transports. Il est vrai que ça aide quand son équipe a le titre en mains avant le duel qui décidera de tout contre le Tokyo FC, mais il n’empêche que nous avons beaucoup de choses à apprendre en Europe de la relation entre les Japonais et le football.
Il faut dire que les Marinos ce n’est pas la première équipe de touristes venue. Auréolé de trois titres de champion de J-League, le club détenu à 80% par Nissan et 20% par City Football Group, la holding qui détient Manchester City, n’est autre que l’ancienne équipe Nissan Motors. Un des membres fondateurs historiques de la J-League, l’équipe a la particularité d’évoluer à domicile dans deux stades différents, le petit Mitsuzawa Stadium et le gigantesque Nissan Stadium de Yokohama, écrin de la finale de la Coupe du Monde 2002. À deux petits matchs de la fin de cette saison, les Marinos n’ont jamais été aussi proches d’un quatrième sacre. Avec cette victoire contre l’équipe d’Hokkaido suivie d’une nouveau match gagné 1-0 contre le Matsumoto Yamaga, couplé à un nul du FC Tokyo, ils prennent la tête du championnat. Et quand on sait que le dernier match de la saison va opposer Yokohama Marinos et le FC Tokyo, on ne peut que s’enthousiasmer pour ce championnat qui, que ce soit au niveau de l’ambiance ou du suspense, n’a pas grand chose à envier à nos ligues Européennes.
Rendez-vous le 7 Décembre pour le dénouement de cette saison folle.
Photos prises par Jeremie Roturier qui a perdu sa carte d’identité en allant au stade.