La DNCG vient de condamner les Girondins de Bordeaux. Avec le club, ce sont des larmes qui coulent de mes yeux, du sang marine et blanc qui coule de mes veines. Avec les Girondins c’est une partie de moi qui disparaît.
Mes premiers souvenirs de football remontent au 25 Avril 1992. Ce soir là, à 4 ans, dans les travées du Parc Lescure et dans les bras de mon père, je regardais ébahi le feu d’artifice qui se déroulait sous mes yeux. Les Girondins de Bordeaux venaient d’étriller Valenciennes 4 à 0 et le stade entier fêtait la remontée en Première Division.
Alors, cette descente en Ligue 2 elle ne me faisait pas peur. Elle me renvoyait en quelques sortes à ces souvenirs heureux d’enfance et je me voyais revivre de telles émotions d’ici un ou deux ans, cette fois avec mon fils dans les bras. Mon fils, qui porte le prénom Zinedine. Pas pour la reprise de volée en finale de Ligue des Champions contre le Bayer Leverkusen, mais pour celle en huitièmes de finale de la Coupe de l’UEFA contre le Betis Seville. J’ai aimé le foot avec ces joueurs, j’ai grandi avec ces couleurs. Les Girondins ce sont des émotions et des souvenirs. Des bons comme des mauvais. Des joies immenses comme des déceptions terribles. Des moments de fierté comme des moqueries au collège et au lycée.
Les Girondins font partie de moi et aujourd’hui cette partie on me l’arrache, comme on l’arrache à l’histoire du foot français. 1881. Les Girondins de Bordeaux furent fondés et occupent le devant de la scène du football français bien avant le PSG, l’Olympique Lyonnais, l’Olympique de Marseille, l’AS Monaco, le FC Nantes ou l’AS Saint-Etienne. En France, seul le Havre Athletic Club est un club professionnel plus ancien que les Girondins. En condamnant aujourd’hui des fonds d’investissement, un homme et son projet désintéressés de l’histoire du club, les instances condamnent avant-tout ses supporters, ses bénévoles, ses salariés, ses jeunes du centre de formation et de l’école de football, ses partenaires locaux, une ville et une région.
Faute d’avoir su protéger le club de fonds vautours, elles l’accablent et l’arrachent aux passionnés.
Je me dis que peut-être on se relèvera, que l’on parviendra à reconstruire sur des bases saines, que l’on recréera un ancrage fort. Mais je me dis aussi qu’avec la disparition des Girondins, les émotions que j’ai pu vivre en regardant le foot ne seront plus jamais les mêmes. Je ne vibre plus comme quand j’étais enfant, je ne ressens plus ces émotions que j’espérais transmettre à mon fils. Pour ses 4 ans, je voulais l’emmener à son tour au stade pour la première fois, voir un match des Girondins. Pour qu’il garde ces émotions pour le reste de sa vie, comme j’ai pu le faire, pour ce premier match au stade avec mon père.
Ils ont tué notre club. Avec les Girondins, c’est une partie de mes rêves qui disparaît.
Jérémie