Dimanche 7 Juillet, 22 heures. On repart du stade Kópavogsvöllur au nom imprononçable que nous n’arrivons pas à prononcer alors qu’il fait jour comme en plein jour. La petite enceinte de 3,009 places dont 1,709 assises vient d’accueillir la rencontre au sommet que toute l’Europe attendait entre le Breidablik FC et le HK Kópavogur, deux équipes de la capitale Reykjavik évoluant dans la redoutable Úrvalsdeild karla, la première division Islandaise comme tout le monde le sait. En plus de se composer de 8 équipes sur 12 basées dans l’agglomération de Reykjavik, elle a la particularité de se dérouler uniquement de Mai à Septembre, histoire de pisser entre les gouttes des conditions climatiques dantesques de l’Islande. Et justement, en Juin et Juillet les supporters de football prennent leur revanche sur le reste de l’année. À cette époque de l’année, le soleil oublie de se coucher pendant 24 heures et donne ainsi l’occasion aux fans de passer la soirée au stade en famille, et de prolonger la soirée comme si c’était le milieu de l’après-midi.
Alors quand Andy, ancien coéquipier et ami établi dans la capitale Islandaise depuis quelques mois, nous a proposé de venir voir le match avec lui, nous n’avons pas longtemps hésité. Lunettes de soleil sur le nez, chaussures aux pieds et caleçon à la main, nous nous sommes faits une place au soleil pour assister à la rencontre entre le deuxième du championnat contre l’avant-dernier.
Sur le terrain, malgré quelques prouesses du latéral gauche des verts de Breidablik, le niveau est loin d’être époustouflant. On pourrait même penser que les Girondins de Paulo Sousa pourraient ramener un point de ce déplacement. C’est pour dire. Les locaux dominent confortablement la première mi-temps, ouvrent le score sans prendre la peine d’aggraver la marque malgré plusieurs occasions franches. Dans les tribunes, l’ambiance est bonne enfant, et l’on remarque un groupe de 12 supporters agiter leurs drapeaux et lancer quelques chants timides sans que personne ne se fatigue à les reprendre. À la pause, on remarque que comme en Chine, ce sont les enfants qui travaillent. Alors qu’ils étaient déjà responsables de contrôler les tickets à l’entrée, ce sont aussi eux qui servent ravitaillement et rafraîchissements à la buvette. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils sont commerçants ces enfants. Tandis que l’Islande est un pays très cher, qui coûte une couille comme diraient certains de nos grossiers amis, on se retrouve à payer trois formules burger – coca 406 Couronnes Islandaises, l’équivalent de 3€. Le petit blondinet à la caisse a dû se tromper, à moins que son clin d’oeil indiquait en fait qu’il voulait nous mettre bien. En réalité, il faut savoir qu’en Islande, le Dimanche fait la part belle à la vie sociale. Et particulièrement en été où les jeunes bénéficient d’une large période de vacances qu’ils mettent à profit en travaillant pour la communauté. Ce sont ainsi les jeunes du club qui assurent le service les jours de match.
Pour en revenir au match, la deuxième période nous offrira un regard différent sur le match, au milieu de spectateurs le cul tranquillement posé sur la pelouse autour du terrain. C’est avec nostalgie qu’on regarde les visiteurs remonter au score et prendre l’avantage sous l’apathie des joueurs locaux et de leurs supporters. Le rythme est faible, mais la façon dont les spectateurs Islandais vivent la rencontre nous rend heureux. Ils assistent déçus mais détachés à la défaite surprise de leur équipe, mais au fond ils repartent du stade avec le sourire. Parce-qu’au fond le plus important c’est que ce soir, il fait encore jour toute la nuit et qu’elle est loin d’être finie.
Photos prises par Jérémie Roturier qui se dit qu’il aurait dû tout plaquer il y a 10 ans pour tenter une carrière en Première Division Islandaise.