Prague est au football Tchèque ce que Londres est au football Anglais. Près d’une dizaine d’équipe dans les deux ligues principales, de nombreux derbies, et donc de nombreux stades qui peuplent la ville de part en part. Malheureusement, le football Tchèque se rapproche plus du football Belge lorsqu’il s’agit de performer sur la scène internationale. Le Slavia Prague et le Sparta Prague étant les équipes faisant le renom du football Tchèque ces jours-ci, les Bohemians ou encore la mythique équipe de Dukla ont également écrit ses lettres de noblesses à un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.
Le Strahov Stadium, gigantesque stade du quartier éponyme avait initialement peu à voir avec le football. Construit en bois en 1926, puis consolidé en bêton et élargi dans un pur style communiste en 1948, ce stade emblématique de l’histoire tchécoslovaque était utilisé principalement pour accueillir les Spartakiads. Les Spartakiads étaient des événements de représentations sportives de masse, sponsorisés par l’Union Soviétique pour célébrer la grande URSS. Ainsi, de 1955 à 1985 le Strahov Stadium a accueilli tous les 5 ans cette grande messe du Communisme, réunissant plusieurs centaines de milliers de gymnastes et des millions de spectateurs. Citrons et salamis hongrois habituellement rares dans les rues de Prague étaient présent en abondance durant ces événements ; c’était également le théâtre de nombreuses histoires extra-conjugales, donnant lieu à des pics de natalité tous les 5 ans correspondant avec la tenue des Spartakiads.
L’édition de 1990 ayant été annulée au dernier moment pour des raisons évidentes, les Rolling Stones sont venus donner un concert à Strahov devant 110 000 personnes tout juste libérées de l’occupation soviétique. De nombreux concerts se sont ensuite tenus dans ce stade, pouvant accueillir dans ses heures les plus glorieuses 280 000 personnes, dont 96 000 places assises. Après une dizaine de millions d’euros d’investissement, c’est devenu en 2002 le centre d’entrainement du Sparta Prague, et c’est ainsi que cette enceinte colossale accueille désormais 8 terrains de football. Cependant, les gradins désormais à l’abandon témoignent encore d’une époque pas si lointaine, où l’Union Soviétique occupait ces terres. L’omniprésence de haut-parleurs dans le stade, ainsi que l’inscription « Le capitalisme favorise le profit privé sur le profit général, ce qui est incompatible avec un démocratie » sur la façade du stade sont là pour rappeler l’instrument de propagande qu’était le Strahov Stadium.
Photographie et rédaction par Vincent Roturier, reporter expatrié au pays de Karel Poborsky.